Nos conteurs
Ces personnes nous ont
raconté des récits
qu'elles tenaient de leur famille, de leurs souvenirs, d'amis, de
collectages... Ce sont eux que vous entendez sur les fichiers audio.
Nous tenons à
les remercier car sans eux, ce projet n'aurait jamais pu voir le jour.Etienne Coudert ![]() « Je suis né à Orléat, fils d'un paysan qui possédait 5 hectares. J'ai fait mes études à l'école primaire d'Orléat, puis à 12 ans, je suis parti au cours complémentaire à Thiers ; c'était rare, il n'y avait que trois bacheliers à l'époque au village, et je crois avoir été le troisième. J'ai ensuite préparé le concours d'entrée à l'école normale de Clermont-Ferrand, où j'ai étudié de 1947 à 1951. On préparait les sciences expérimentales comme BAC, on n'avait pas le choix. Ca correspond à peu près au BAC D (ndlr : maintenant BAC S) : on faisait de la biologie, de la chimie, de la physique la moitié du temps, et l'autre moitié on faisait de la philosophie. En sortant de là, j'ai été nommé instituteur de classe unique (5 à 15 ans) pendant dix ans, dans la montagne d'Ambert, puis dans celle de Saint-Nectaire. Dès l'école normale, j'avais demandé à me spécialiser pour devenir enseignant en agriculture ; donc au bout de mes dix ans, je suis devenu maître agricole. J'ai fait un stage d'un an au lycée agricole de Neuvic, pour apprendre les techniques nouvelles, parce que je savais moissonner à la faucille, faucher à la faux et traire à la main... J'ai donc découvert toutes ces techniques, l'ensillage etc... J'ai également énormément travaillé au verger du lycée, car je suis passionné d'arboriculture, ce que je tiens de mon grand-père de Thiers, pépiniériste et fleuriste. J'ai ensuite été nommé maître agricole, puis professeur itinérant d'enseignement agricole dans toutes les communes des environs ; on avait alors un centre professionnel à Puy-Guillaume, un à Lezoux, un à Courpières, un à Maringues, un à Rambarin, qui furent ensuite regroupés en un centre plus important à Lezoux, où je fus directeur. On travaillait beaucoup avec Marmilhat (je l'ai vu naître !), en particulier avec le centre pour adultes, nos anciens élèves souvent, qui voulaient s'installer paysans et à qui on faisait passer un BTA. Je suis également apiculteur depuis que j'ai 14 ans. Autour des années 1968-70, mes profs de fac ont appris que je chantais en Occitan. Ma mère n'avait pas voulu que j'apprenne l'Occitan, mais elle m'avait tout de même enseigné des chants de Thiers, des chants de ville, de vigne, des chants variés - il y a beaucoup de chants occitans à Thiers. En 1972, ils ont lancé un cours d'Occitan. Je suis donc allé faire les deux certificats de licence proposés, j'ai suivi les deux filières. A partir de 1975, j'ai interrogé au BAC et ce, jusqu'après ma retraite car ils n'avaient pas de jury. J'ai donc beaucoup fréquenté Aurillac. L'Occitan, c'est ma langue paternelle ; mon père parlait tout le temps en patois, sauf à moi car ma mère ne voulait pas. Quand je posais une question en patois à mon père et au voisin qui discutaient, ils me répondaient en Français. En 1951, tout le monde parlait encore en Auvergnat dans les rues des villages, mais il fallait parler Français aux enfants, pour l'école etc. C'est de là que vient la coupure. Aujourd'hui, je suis toujours très occupé. J'anime un atelier patois à Lempdes avec les Belladaire, j'écris un article pour La Gazette de Thiers chaque semaine, nous publions Parlem ! une revue occitane, et je fais encore bien d'autres choses. Je suis aussi vice président de l'IEO pour la région Auvergne. Maintenant, j'aimerais prendre ma retraite, que ce soit les jeunes qui prennent la relève. Tiens, il est d'ailleurs question de lancer une calendreta à Clermont ; 'calendreta' signifie 'petite alouette' en béarnais, c'est là qu'elles sont nées. Ce sont des écoles privées laïques par immersion. Si elles fonctionnent bien, l'Etat finit par la financer. Il y a eu une période faste, sous Jospin, il y a eu création d'un CAPES d'Occitan, de Catalan, de Corse, de Basque... Mais depuis, l'orientation a beaucoup changée, il n'y a plus de cours dans le public, hormis à l'université de Clermont-Ferrand. C'est malheureux. La France fait partie des dix-huit pays de la Charte Européenne des langues minoritaires et régionales, mais elle ne l'a pas ratifiée. » Jean Vézole ![]() Né le 2 février 1923 à la ferme du Toron, dans la commune de Saint-Cernin, il ne connaît que la Langue d'Oc quand il rentre à l'école en 1929. Cela l'aura beaucoup avantagé, dit-il, notamment pour apprendre à lire, pour les conjugaisons... Il arrive à l'Ecole Normale d'Aurillac en octobre 1939. Après la mort de son père, il va aider l'été à la ferme de ses oncles : à Sourniac, à Saint-Cernin, à Marmanhac... Le travail de maître d'école lui fera faire le tour du Cantal et entendre la langue Occitane dans sa diversité et sa richesse à Moussages, Valèta, Sainte-Anastasie, Lavastria, Alleuze. Entre temps, en juillet 1943, il part pour les "chantiers de jeunesse" ; puis, réfractaire, il reste comme ouvrier agricole au Pré de Sourniac, caché sous une fausse identité. Son dernier poste fût au Roget, et il y resta plus de vingt ans. A sa retraite, il peut enfin se consacrer davantage à la recherche sur des textes du Moyen-Age et à la défense de la Langue d'Oc. Il se rend tous les jours à pied aux archives pour y travailler. Depuis 1983, il préside l'I.E.O (Institut d'Estudis Occitan) du Cantal, au sein duquel il publie trois livres de contes ou récits de quauque temps. Aujourd'hui, il continue d'aller à l'I.E.O. Cantal pour des réunions, des dictées en occitan etc... Il va marcher dans la campagne, travaille toujours aux archives... "Une vie, c'est toujours trop court", dit-il. Didier Huguet ![]() « Je suis originaire
de la région de Murat, dans le Cantal. Moi
je suis né en fait dans le 93, à Montreuil-Sous-Bois, en
1955. Mes parents travaillaient à Paris. Mon père avait
été poissonier, puis menuisier et maçon. Ils
étaient originaires de la compagne, mais le problème
c'est que les familles avaient des toutes petites fermes. Il n'avait
qu'un frère, mais du côté de ma mère ils
étaient sept enfants. Idem, tout petit bien, donc il fallait
que les gens fassent autre chose pour vivre. Ce
qui se faisait souvent, pas toujours mais souvent, quand les parents
travaillaient loin, c'est que les
enfants restaient à la campagne, chez les grands-parents,
c'était mieux, ils étaient au bon air, tout ça...
Moi je suis né là-haut, mais à l'âge
de deux ans et demi trois ans, j'étais à la campagne. J'ai donc été élevé en partie par mes grand-parents, et puis après, mes parents m'ont repris quelques années à Vincennes. On habitait dans un boui-boui, un hôtel, en face du Château de Vincennes, c'était un coin assez calme. Ensuite mes parents sont revenus, peu avant les évènements de 68 (peut-être les avaient-ils pressentis ?), à Murat. Mon père a travaillé là jusqu'à sa retraite. Moi je suis resté à Murat, j'y ai fait mes études au collège-lycée, on était peu nombreux et assez choyés quand même. Puis j'ai continué mes études à Clermont, en histoire-géographie. J'ai eu une licence et une maîtrise un peu incomplète (je n'ai pas fait de mémoire) ; j'ai eu un certificat de géographie des campagnes. J'ai fait un service civil de deux ans – j'étais objecteur de conscience - dans le Cantal en fait, dans la fédération des associations des oeuvres laïques, dans un centre de vacances. Quand j'ai eu fini ça, je n'avais pas encore envie d'enseigner. J'ai donc travaillé comme animateur dans une association culturelle occitane. On avait des financements à l'époque (poste FONGEP), vers 1981-82. C'était un poste à plein temps, et pour compléter, on faisait des animations. J'ai fait ça pendant 5-6 ans, puis quand j'ai eu une famille, j'ai voulu passer le concours d'entrée à l'école normale. Je suis devenu instituteur, et j'ai enseigné l'occitan, la langue du Pépé, si je puis dire, dans les écoles du Cantal. A côté de ça, je fais des recherches sur les légendes, je chante un peu aussi, je joue un peu d'accordéon diatonique et je raconte aussi assez régulièrement. Pour la langue, mes
parents me parlaient en français. Mes grands-parents parlaient
entre eux en patois, pas à moi, car c'était interdit
à
l'école, mais ils m'ont appris des chansons, quelques histoires. Ceux qui nous
ont apporté
leur aide
Nous tenons à remercier tous
les gens qui nous ont apporté leur aide et leur soutien pour la
réalisation de ce projet. Nous ne pouvons bien évidemment
tous les citer, car ils seraient trop nombreux, mais sans leur
présence nous n'aurions peut-être pas mené à
bien notre projet...
Plus particulièrement merci à Marie-Jeanne Verny et Didier Maurell, ainsi qu'à Christian Bonnet qui nous a si gentillement et si patiemment corrigé les questionnaires. |